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Quelques ennemis ne seraient pas de trop...
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 haunter & healer (athala)

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Kanavu

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MessageSujet: haunter & healer (athala)   haunter & healer (athala) I_icon_minitimeLun 8 Déc - 19:08


athala & kanavu

« Vous savez, cela ne servait à rien de requérir la présence d'un guérisseur si vous avez décidé de ne pas écouter ses conseils ! » Assis sur l'herbe encore humide, le jeune homme avait levé la main. L'espoir de retenir le guerrier était vain, mais il le conservait tout de même. Ses grands yeux bleus rencontrèrent ceux, nettement plus sombre, de celui qui dirigeait la troupe et il déglutit. Venait le temps où le guérisseur regrettait d'être ce qu'il était et de vouloir, peu importe le prix, à prendre soin des blessés qui usaient de son unique talent. « Ne me regardez pas comme ça. Vous vous êtes présenté à l'Archipel en disant avoir besoin de l'un d'entre nous pour votre périple. Ce qui était vrai, vu le nombre de fois où vous a manqué de mourir, mais peut-être serait-il sage, à présent, de m'écouter et de vous reposer ? » Alors que l'autre homme s'approchait, Kanavu rentrait la tête dans les épaules, se recroquevillant petit à petit. Ou peut-être qu'il serait plus sage qu'il n'en dise pas davantage s'il ne voulait pas finir comme les cadavres que l'homme avait délaissé, quelques longues minutes plus tôt avant qu'ils n'établissent un maigre campement. Sur lui, toutes les paires d'yeux, ou les yeux uniques pour deux d'entre eux, et les respirations retenues. Une attitude qu'ils notaient uniquement lorsque, Kanavu l'avait rapidement compris, le Chef se pensait défier.
Oh. Problème.
Il déglutit une nouvelle fois, leva les mains en signe d'apaisement mais ne retint pas un sursaut en voyant que l'autre ne donnait pas l'air de s'être davantage calmé. « Vous avez été gravement blessé sur tout l'abdomen. Il ne m'a pas été aisé de vous guérir et certains de vos organes vitaux avaient été endommagés. J'ai pu les guérir mais ça ne tiendra pas si vous faîtes trop d'effort. Or, d'après ce que j'ai pu en juger, vous avez un don certain pour trouver des ennemis sur votre route. Et pour finir blesser... Non pas que vous soyez un mauvais guerrier ! Au contraire, je n'ai encore jamais vu de guerriers aussi braves ! Sans doute parce que je n'étais encore jamais sortit de l'Archipel vous diriez-vous, et vous aurez raison, mais il y a beaucoup de grands guerriers qui viennent pour qu'on puisse leur prodiguer des soins. Et peu ont votre ténacité... Je crois que vous voulez que je me taise. Alors je vais... Me... Me taire. » Totalement replié sur lui-même, prêt à se couvrir la tête de ses mains, Kanavu avait, lui aussi, retenu sa respiration. Ce fut toutefois un rire qui lui tira un long sursaut et une main s'abattit brutalement sur son épaule, dans un geste sympathique. Il risqua un coup d’œil, mais le Chef, suivit par les autres membres de la troupe, riaient aux éclats. Oh. Humour Tykans, sans doute. Bien vite, deux gros bras l'attrapèrent par les épaules et le remirent sur pied. Peut-être un peu trop vite pour le pauvre guérisseur qui eut alors la tête qui se mit à tourner. Du bout des doigts, il attrapa son foulard et se couvrit le nez avec. Les yeux fermés. Voilà.
Plus un bruit autour de lui. Il souleva les paupières, s'aperçut que ses compagnons d'aventures s'étaient déjà éloignés, sans un regard pour lui. « Hé ! » Attrapant sac en toile, jarre en terre et vérifiant qu'il n'oubliait rien d'important pour ses pratiques médicinales, il trottina derrière eux. L'espoir de les rattraper restait présent dans son esprit. Comme imposé.
Mais illusoire.
Leurs ombres déjà s'effaçait au loin et la jungle se faisait plus épaisse à mesure qu'il s'y enfonçait. Il ralentit. S'arrêta. Déglutit. Encore une fois. Il n'avait pas pris la carte, se contentant de suivre idylliquement ceux qui l'employaient. Lentement, le jeune guérisseur porta une main à sa tête. Il était perdu.

Enfin, le village se dressait. Les heures s'étaient écoulées, tombant dans l'écorce des arbres, entraînant avec elles les feuilles grises. Les chaumières s'esquissaient comme dans un tableau merveilleux. Enfant balbutiant, Kanavu découvrait cette nouvelle vie avec émerveillement. S'il lui était arrivé de quitter l'Archipel pour accompagner Maître Chi-chan jusqu'à Vor Al afin de commercer, jamais encore il n'avait rencontré de peuples étrangers. Les différences, aussitôt, lui sautèrent aux yeux. Telles des évidences. Les tuniques des uns, pour commencer. Elles ne paraissaient pas être faites de toiles mais dans une matière plus douce, et sans doute plus résistante à l'eau. La grande majorité marchait pieds nus et c'était avec des grimaces de douleur que Kanavu les croisaient, observant avec curiosité leurs doigts de pieds en éventail. Quant à leurs maisons ! Des demeures solides, dans un matériaux proche de la pierre d'après ses connaissances mais dont il ignorait le nom, hautes et larges. Passant devant certaines d'entre elles, il pouvait apercevoir de la lumière se diffuser à travers d'étranges objets entreposés à des endroits stratégiques. Aucune bougie. Juste de la magie. Silencieux devant tant de merveilles et de nouveautés, le guérisseur se glissait au milieu des passants. Il en était presque venu à oublier ses compagnons qui l'avaient abandonnés, bien des heures plus tôt.
Jusqu'à ce qu'une délicate odeur de viande séchée ne lui parvienne. Alléchante. Il inspira, les yeux fermés et l'air idiot. Il commençait à se faire tard, s'il se fiait à son horloge biologique, mais le soleil restait encore haut dans le ciel sur cette planète. A moins qu'il ne s'agissât d'un autre. De ses yeux clairs, il survolait les panneaux, déchiffrant avec son érudition les mots qui y étaient inscrits. Auberge. Voici donc ce qu'il cherchait. Immense sourire. Et le voilà qui s'engouffrait dans l'auberge, s'en prêter attention aux trois marches qui faisaient obstacles à son chemin. Son pied buta contre la première, le second rencontra la suivante et son genoux fit la connaissance aimable du sol dur tandis qu'il s'étalait par terre dans un fracas bruyant. Au moins la jarre était restée intacte. « Très solide, cette jarre, » nota-t-il à voix haute tout en restant allongé. Une douleur sourde se faisait ressentir au niveau de ses côtes et, instinct de guérisseur aidant, il ferma les yeux. Se concentra. Effaça le décore, laissa son esprit flotter sur le vide absolu. Oublia les bruits, les sensations. Et analyse. Son propre corps. Un exercice plus difficile qu'il n'en paraissait et qu'il n'était pas recommandé de pratiquer. Mais son examen rapide lui apprit ce qu'il craignait. Une côte fêlée qu'il se devait de soigner au plus vite. Une goutte de la Flora Eudi devrait lui permettre de ne pas sentir la douleur et un simple bandage l'empêcherait d'aggraver les dégâts. Du reste, c'était son mental qui faisait tout.
« Dis donc toi, tu veux pas t'lever de mon sol, t'empêches les gens de passer ! » gronda une voix au-dessus de sa tête, le tirant de sa concentration et lui arrachant une grimace. « Oh euh, oui. Bien sûr. » Il se remit sur pieds, sans que son sourire ne le quitte un seul instant mais ne paraissait pas se rendre compte que l'aubergiste n'en avait que faire et ne lui accordait déjà plus le moindre regard. « Dîtes-moi, vous reste-t-il des chambres ? Il m'en faudrait une pour la nuit. » Il avait pris grand soin de déposer la jarre à côté et tenait, serré contre son torse, le sac contenant les plantes et les concoctions précieuses. « Oh, n'auriez-vous pas vu une troupe de Tykans passer par ici ? Sans doute tôt dans l'après-midi. Je suis à leur recherche, je les accompagnais mais j'ai finis par les perdre. » A moins que ce ne fut l'inverse, Kanavu ne savait plus réellement. Comme l'homme haussait les sourcils et lui cherchait une chambre, le guérisseur se retourna et observa les autres clients. Peu nombreux en réalité. A part la personne intriguante, avec son étrange peinture sur le faciès et son air peu charmant. Un frisson le traversa. Avant qu'il ne fronce les sourcils et ne l'observe plus attentivement. L'étrange client avait un visage bien fin pour être celui d'un homme bourru comme le laissait pourtant penser son attirail. Et il n'était un natif de cette planète, c'était une certitude ! De quel contrée venait-il donc ? C'est aussi qu'il ne paraissait pas vraiment masculin.
Il manqua de tomber une nouvelle fois. L'aubergiste lui tendait un registre mais Kanavu l'ignorait. Il s'approcha de l'étrange personne, tenant toujours son sac de toile entre ses bras. « Excusez-moi... Êtes-vous une femme ? »
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MessageSujet: Re: haunter & healer (athala)   haunter & healer (athala) I_icon_minitimeDim 4 Jan - 16:52


    Le sang coulait sur la lame pour goutter sur le sol. Les feuilles avaient été rougit par le combat et à présent le cadavre encore chaud fixait le vide de son regard terni. La bouche ouverte laissait échapper un filet de sang et de bave mêlés. Un autre corps tomba dessus, portant les marques tranchantes d'armes affûtées. Un silence de mort régnait à présent dans la plaine morne. Il y eu le bruit du métal que l'on sortait d'un fourreau et à deux reprises le chant du fer qui lacérait les gorges. Les deux corps avaient perdu leurs têtes, celles-ci enfermées dans un sac en toile de moindre qualité. Les villdyrans avaient accomplit leur tâche avec une efficacité sans égale une fois encore. Les cadavres seraient laissé au loisir des bêtes qui rôdaient dans le secteur, encore trop effarouchées pour oser approcher et voir d'où provenait cette odeur de sang qui se faisait abondante.

    Les chasseurs de prime quittèrent les lieux de la tuerie pour ne plus être que des fantômes. Invisibles. Ils n'auraient jamais arpenté les terres des Ecorhantes qui peuplaient cette petite planète de la galaxie de Pégase. Arrivée à hauteur du Passage entre les mondes, Athala entra les coordonnées d'une nouvelle planète. Lorsque la masse bleue se stabilisant dans le passage, les hommes y pénétrèrent avec nonchalance et habitude. La chasseuse surveillait les alentours pour déceler un quelconque observateur et lorsque le dernier villdyran passa au travers du Passage, à son tour elle s'y aventura. Le passage entre les mondes se ferma quelques secondes apprend, laissant à nouveau la paix envahir les lieux.

    Sur la seconde planète, Athala entra de nouvelles coordonnées, celle de la planète où ils devaient se rendre. A nouveau ils disparurent au travers de la masse bleue qui se dissipa après le passage d'Athala. Enfin, ils arrivèrent sur la dite planète sur laquelle il était question d'une récompense intéressante en échange du service qui venait d'être rendu. La chasseuse avait pris la tête de la petite troupe, son regard balayant à nouveau l'endroit avec une attention particulière. Ses yeux gris scrutaient tout ce qui tombaient dans son champ de vision. Arbres, buissons, herbes. Comme à chaque fois qu'ils allaient sur une nouvelle planète, ils sentaient combien l'air y était différent. Ici, les odeurs trahissaient une activité humaine conséquentes. Bon nombre d'âmes vivaient sur cette planète, exploitant sa faune et sa flore afin de subsister. Cela malgré les sélections qui avaient déjà affecté les villages. D'un pas assuré, la chasseuse entrepris de gagner le chemin qui menait à leur destination. Quoi que rapidement, il fut question de disparaître au travers de la végétation plutôt que de prendre une route qui devait sans doute être bien trop fréquenté à leur goût.

    Les villdyrans étaient furtivement réapparus vers le centre du village, non loin de la battisse qui servait à la maison du chef. Les regards étonnés se dressaient sur leur passage. Les murmures se répandaient comme une traînée de poudre et les rumeurs courraient en hâte pour raconter qui étaient ces étrangers qui portaient sur eux les traces de leur véritable nature. Les enfants avaient déguèpient pour rejoindre les jupes de leurs mères. Les hommes s'arrêtaient parfois dans leur besogne, surveillant d'un œil inquiet la progression des chasseurs de primes. Ces derniers ne portaient guère attention à cette légère animosité, marchant d'un pas preste avant de disparaître dans la demeure du maître des lieux.

    Le sac avait été jeté négligeaient sur le sol. Le sang était venu rougir le tissus, semant dans sa chute une odeur de sang encore frais. Le chef du village regardait le sac, arquant un sourcil face à ce spectacle macabre. C'était un homme bourru qui passait plus de temps sur une chaise à compter l'argent plutôt à s’entraîner au maniement des armes. Il avait néanmoins daigné bougé son cul pour s'approcher du sac et l'ouvrir. Il eu un mouvement de recule en découvrant les deux têtes qui lui lançaient des regards dénués de vie. Sitôt il releva les yeux vers Athala qui ne paraissait éprouvé aucun sentiment face à la scène habituelle que lui offraient ceux qui les engageaient pour éliminer des ennemis, des traîtres et autres énergumènes qui valaient qu'on leur ôte la vie. D'un signe de main, le chef demanda à un de ses hommes d'aller chercher la récompense promise tandis que de l'autre il se cachait le nez avec un bout de tissu pour ne plus avoir à supporter l'odeur du sang. On le débarrassa rapidement des trophées sans plus de cérémonie. Lors de leur premier entretien, il avait tenté d'échanger quelques mots avec les villdyrans, mais il avait très vite compris qu'il n'aurait qu'une conversation glaciale et vide. Il n'espérait plus maintenant que de les voir disparaître.

    Athala était ressorti en tête de la demeure, observant toujours avec une attention mesurer les ruelles du village. Il était à présent temps de se poser un peu et peut-être trouver un nouveau travail. Le meilleur endroit était encore une auberge quelconque Les chasseurs en prirent alors la direction, ayant repérer l'endroit à leur premier passage sur la planète. Dans un silence quasi religieux, les villdyrans étaient entrés dans l'auberge, se glissant bien vite là où ils auraient la meilleure vue sur toute la pièce. La villdyrane s'était installée de façon à faire face à la porte principale tandis que le reste de ses compagnons gagnaient les autres chaises. L'aubergiste vint leur servir quelques boissons alcoolisées après que l'un des chasseurs eut passé la commande pour ses compagnons, permettant à Athala d'observer l'arriver fracassante d'un nouveau client. Il s'était étalé de toute son long en entrant dans l'auberge avant de resté allongé sur le sol. Elle l'avait regardé sans intrigue ou intérêt, seulement parce qu'il était là comme un idiot au lieu de se relever. Finalement il fut ramené à la raison par l'aubergiste. Sitôt Athala le quitta du regard pour préférer s'intéresser à son verre, continuant de veiller à ce que personne ne vienne les déranger. Mais il aurait été fou de penser que leur tranquillité ne serait en rien perturbé. Le jeune homme qui s'était vautré en beauté à l'entrée de l'auberge était venu s'aventurer par là. Arquant un sourcil sans le regarder, se furent ses compagnons qui portèrent leur attention sur l'étranger. Ce dernier posa alors la question à savoir si Athala était une femme. Le sourcil toujours arqué, elle posa ses yeux froids sur ce curieux personnage qui posait déjà trop de questions à son goût. La chasseuse passa son bras au dessus du dossier de sa chaise pour pouvoir s'y appuyer de son flanc droit, portant alors toute son attention sur le voyageur. Elle le dévisagea avec froideur, jugeant le physique du jeune homme trop frêle pour l'inquiéter. Néanmoins elle se méfiait. « Et toi, tu es tapis ? » demanda-t-elle sans l'ombre d'un sourire sur les lèvres. D'aucun dirait qu'elle faisait de l'humour, d'autres, plus intelligent à l'observation, comprendraient qu'elle cherchait à le piquer un peu pour sonder le caractère de son nouvel interlocuteur. Étrangement pour une fois, il n'y avait aucune tension émanant de la part des villdyrans. Ils étaient même assez calme.
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MessageSujet: Re: haunter & healer (athala)   haunter & healer (athala) I_icon_minitimeDim 8 Fév - 15:24

Pantin devant la table bondée, le jeune guérisseur ignorait quelle attitude adopter. Lui, peu habitué à être le centre d'intérêt d'autant de paires d'yeux, se sentit soudain mal à l'aise. Nerveusement, il se mit à sautiller d'un pied à l'autre avant de légèrement se balancer d'avant en arrière. Les voyageurs qui avaient capté son attention étaient pour le moins bien loin de ceux qu'il avait pu croisé jusqu'à ce jour. A part peut-être les guerriers qu'il accompagnait. Peut-être était-ce de lointains cousins ? Kanavu s'efforçait de paraître tranquille. Ses yeux bleus croisèrent le regard froid de celle qu'il soupçonnait être une femme – sans en être certain, toute fois – et il sentit un vent glacé lui parcourir l'échine. Ah ça ! Il ne faisait aucun doute que dans un combat contre sa troupe, l'étrangère gagnait. Un seul regard avait suffit pour que le guérisseur sente sa vie s'échapper. C'était peut-être une Wraith ? Il n'en avait encore jamais rencontré mais il avait eu vent des bruits qui courraient à leur propos. Ils semblaient être capable d'arracher la vie de leur victime sans faire couler le sang. Sans jamais avoir eu l'occasion de poser ses yeux sur l'une de leurs victimes, leur seule description avait suffit pour donner des cauchemars au jeune homme. Assez pour qu'il retienne qu'il n'avait certainement pas envie de croiser un Wraith.
C'est pourquoi il devint légèrement plus méfiant devant la potentielle mi-femme, mi-Wraith.
Et puis elle répondit, confirmant de sa voix qu'il s'agissait bien d'une femme. Parce qu'un tel guerrier ne pouvait avoir une voix aussi aiguë. Ce n'était guère possible. A moins d'avoir un quelconque problème de santé au niveau des cordes vocales, mais si tel était le cas, il semblait évident aux yeux du guérisseur que le guerrier serait venir requérir l'aide de l'Archipel. Il était difficile d'avoir peur d'un guerrier s'il possédait une voix délicate. C'était, du moins, le point de vue du jeune homme. Ce fut sans doute la raison pour laquelle il fronça légèrement les sourcils, soudain perplexe. A force de tergiverser ainsi, il en venait à ne plus être sûr de rien sur le sexe de la personne qui l'intriguait et la réponse de celle-ci ne l'aidait pas davantage. Tapis ? Était-ce un mot qui possédait une définition éloignée de son propre vocabulaire ? Peut-être ne parlaient-ils pas la même langue, après tout. A l'Archipel, Kanavu avait du apprendre le langage des Lointains pour être capable de déchiffrer les épais livres de médecine qui peuplaient la bibliothèque. Mais qu'est-ce que tapis pouvait bien vouloir signifier, dans sa langue ? Le jeune homme porta une main à sa nuque, qu'il gratta pensivement tout en laissant sa bouche se tordre dans une moue pensive. Tapis. Ça devait vouloir dire homme. Ou curieux. Il hésitait encore sur la signification du mot. Il se gratta la joue avant d'hausser les épaules et d'acquiescer en souriant. « Oui, je suis... euh... Tapis. » Maintenant qu'il avait répondu à la question de l'étrangère, Kanavu espérait bien qu'elle lui en dirait davantage sur son propre compte. Même si le dialogue promettait d'être quelque peu difficile si les mots différaient. « Je viens de l'Archipel. Je suis un guérisseur du troisième cycle. Enfin, je devrai passer au cycle supérieur dans quelques jours, si je réussis les test, bien évidemment, mais je ne suis pas certain que mon Maître me pense capable d'y parvenir. J'ai encore beaucoup à apprendre, en réalité. » Et ce fut presque naturellement qu'il déposa son sac et sa jarre à terre avant de prendre place sur une chaise libre, se joignant au groupe d'individus intimidants.

Sans un mot, il observa les verres posés sur la table. Il paraissait réfléchir. Les boissons de ceux dont il ignorait encore tout l'intriguaient au plus haut point. Il finit par lever la main et commander un verre de ce-qu'ils-ont-s'il-vous-plaît-merci avant de reporter son attention sur la seule qui, jusque-là, avait parlé. « Vous savez, je n'ai encore jamais rencontré de... euh... De femmes avant. Vous n'êtes pas comme elles sont peintes dans les livres. » Et cette différence le perturbait un peu ; si sur l'extérieur, les femmes différaient tant, qu'en était-il de leur intérieur ? Leur organisme était-il réellement proche de celui des hommes ou était-il, à l'inverse, bien différent ? Sa curiosité menaçait de prendre le pas sur sa réflexion. Peut-être devait-il poser la question directement à la concernée ? Elle seule pouvait être en mesure de lui répondre correctement, après tout. Ou peut-être devrait-il attendre qu'elle soit blessée, afin de pouvoir la guérir grâce à son don ?
Incertain, il joua un instant avec ses doigts avant de s'apercevoir que son verre lui avait été déposé, accompagné d'un registre pour la chambre qu'il occuperait. Il attrapa le verre et le leva bien haut. « Eh bien... A notre rencontre ! » C'était ce qu'il fallait dire, dans un tel moment, il l'avait lu quelque part. Et il porta le verre d'eau à ses lèvres et en avala une grande rasade.
Avant de la recracher quasiment aussitôt. Ce n'était pas de l'eau. Un feu semblait s'être déclaré dans sa gorge et lui brûlait l'oeusophage entier, les larmes perlaient sous ses yeux et paraissaient vouloir couler. C'était fort. Et ce n'était pas ce qu'il y avait de plus doux au niveau du goût. Nul doute que si Maître Chi-chen savait ce qu'il avait bu, Kanavu passerait un mauvais quart d'heure et se verrait imposé un châtiment. Toussant, s'étouffant peut-être aussi, il lança un regard aux autres assis à ses côtés. Il voulut sourire, grimaça à la place. « C'est... Waoh... C'est très bon. Très doux. On le sent à peine. » Parce que s'il s'agissait d'une boisson originaire de leur contré, mieux valait ne pas trop les vexer.
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MessageSujet: Re: haunter & healer (athala)   haunter & healer (athala) I_icon_minitimeDim 26 Avr - 20:12


    Jusqu'à aujourd'hui, aucun personnage aussi curieux n'avait tenté une approche aussi maladroite d'un groupe de chasseurs Villdyrans. La raison ? Sans doute à cause de la réputation qui les précédait. Mais aujourd'hui… Athala et ses hommes devaient faire face à un gamin passablement aguerri avec le reste de son corps pour savoir mettre un pied devant l'autre. N'était-il pas ridicule, lui là à sauter sur un pied puis sur l'autre, observant une gestuelle étrange qui trahissait ô combien sa gène présente. Il était seul fautif du regard des autres sur lui. La femme elle, le regardait avec indifférence et froideur, comme si d'un signe de tête elle pouvait lui faire trancher la sienne simplement parce qu'il lui faisait perdre son temps. Or les villdyrans n'étaient pas spécialement axé sur la décapitation gratuit. C'était mieux lorsqu'un prix était en jeu. Cependant pour quelle raison aurait-on envie de tuer ce gamin ? Sans doute étaient-elles nombreuses mais Athala n'avait pas envie de les connaître. Quoi que l'agacement était sans doute une bonne raison. Mais à présent qu'il avait entendu la question moqueuse de la chasseuse, il semblait la prendre parfaitement au sérieux.

    A le voir ainsi cogiter, Athala lança un regard aux autres hommes de sa troupe en arquant un sourcil interrogateur, mais aucun n'était capable de comprendre quelle créature pouvait bien courir dans la tête de l'inconnu qui se prenait pour un tapis. Malheureusement pour l'heure ils n'avaient rien d'autre à faire que de regarder cet animal s'agiter devant eux. Il était beaucoup trop expressif aux goûts des villdyrans, ce qui en était presque exaspérant. Il fallait excuser un peuple aux coutumes plus proche des animaux que des êtres humains. Les expressions faciales ne trahissaient souvent que trop bien ce que les gens pouvaient avoir à l'esprit et pour Athala… C'était comme lire dans un livre ouvert. Autant dire que cela lui faisait horreur. Pas le livre, mais d'être potentiellement capable de savoir ce qui se tramait dans l'esprit d'un autre. L'ennui n'avait de cesse de l'accabler.

    Aussi la chasseuse détourna le regard pour observer l'un de ses hommes qui lui faisait face, serrant la mâchoire pour retenir un coup dans le nez de son interlocuteur ignoré. Mais l'oreille était à l'écoute, l'entendant répondre. Maladroit, hésitant, les mots semblaient lui échapper de la bouche sans plus de capacité à les retenir ou même les formuler. Quoi qu'il s'agissait peut-être d'une exagération de la part de la femme pour témoigner de son ressentiment à l'égard de cette situation.
    Ainsi était-il guérisseur ? Cela était bon à savoir. Mais Athala ne connaissait pas ce lieu qu'il nommait l'Archipel. Sans doute d'autres chasseurs de son peuple en avaient-ils déjà entendu parlé. Mais à vrai dire, les Villdyrans ne s'offraient jamais la présence d'un guérisseur. La raison ? Sans doute était-ce dût à le constitution robuste ou bien parce qu'ils avaient déjà leurs guérisseurs. Allez savoir. Si tôt qu'elle senti la présence du jeune homme tapis, ses yeux gris se posèrent à nouveau sur lui. A quel genre de parasite pouvait-il bien appartenir pour prendre place à leur table ? Toutefois, au lieu de lui botter le train à grand coup de pied – car ce n'était pas vraiment dans les coutumes des chasseurs villdyrans – Athala avait bien envie de savoir ce qu'il avait à leur raconter pour oser se joindre à eux. Est-ce de la pure inconscience ou une forme de provocation ? Elle avait bien envie de le savoir et son manque de réaction laissait ses hommes dans un état d'observation quasi passif.

    Alors qu'il commandait un vers pour faire comme eux, l'inconnu continuait de parler, faisant la conversation dans un but purement inconnu aux yeux de la villdyranne. Il n'avait jamais rencontré de femme. Ah ! Elle avait presque envie de rire d'un de ces rires moqueurs dont les hommes bourru avaient le secret. Hélas, elle restait aussi indifférente qu'une tombe. Athala attrapa son vers pour boire une gorgée, lui lançant un regard de marbre. Alors elle lui lança « Si tu ouvrais les yeux, tu verrais où tu poses les pieds et aussi à quoi ressemble une femme. » Il n'allait pas lui dire qu'il n'avait jamais croisé de femme alors qu'il devait y en avoir un bon nombre sur cette planète et certainement dans ce village. Était-il véritablement idiot pour lui dire une chose pareille ? Il possédait un bien piètre savoir au vu de ses dires. Alors qu'il était encore une fois perdue dans ses pensées, la chasseuse vit l'aubergiste poser le vers et un registre devant le jeune homme qui restait imperturbable. Athala arqua à nouveau un sourcil. Avant de finalement boire une nouvelle gorgée et reposer son vers sur la table. Puis lorsqu'il revient à la réalité, il parlait encore pour saluer cette rencontre. Athala n'aurait pas qualifié cela comme ça, mais il ne fallait pas donné trop à réfléchir à ce garçon qui passait déjà la plus part du temps à réfléchir au lieu d'observer réellement le monde qui l'entourait. Or, sous son regard de glace, il manqua de s'étouffer en buvant une première gorgée. Bien… Il ne connaissait pas non plus les boissons fortes… Tout une éducation à refaire.

    « Dis moi petit guérisseur. Aimes-tu vraiment quitter ton Archipel ? Parce que tu connais le monde comme un aveugle connaît la couleur du ciel. Tu sais qu'il est bleu mais tu n'en as jamais vu la couleur. » Alors les hommes d'Athala se mirent à rire de forte gueule alors qu'elle même resta indifférente à leur réaction, se laissant aller à s'adosser à sa chaise.
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MessageSujet: Re: haunter & healer (athala)   haunter & healer (athala) I_icon_minitimeDim 7 Juin - 22:21

Une grande perplexité peignait les traits du visage de Kanavu. Si les premiers mots pour approcher cet étrange groupe d'animaux calmes lui avaient parut difficile, le jeune homme avait maintenant l'occasion de s'apercevoir que le plus dur restait à venir. Il avait naïvement pensé que lancer la première question suffirait pour débuter un dialogue et ainsi en découvrir davantage sur le peuple dont étaient originaires les hommes et la femme qui s'attroupaient autour de la table mais il n'en était rien. Loin de participer vivement à ses réflexions à voix haute ou bien de l'aider dans sa tache, tous le laissaient s'empêtrer et s'emmêler. Le voilà bien ennuyé. Le guérisseur les détaillait les uns après les autres, ne s'attardant que furtivement sur ceux qui étaient plus éloignés de lui et observant minutieusement le visage de la femme. Lui qui avait toujours cru ce qui était dit dans les livres à propos de l'autre sexe se trouvait bien en peine de reconnaître-là les traits d'une femme. Elle avait sur le visage quelques peintures étranges, comme autant des cicatrices non traitées et possiblement infectées, avec un regard plus dur que la roche d'un Nyktar (et les Lointains savaient bien que les Nyktar avaient un peau si épaisse qu'il était inutile de vouloir les chasser) et une bouche guère différente de celle d'un homme. Il détourna le regard, s'installa auprès d'eux comme s'il les connaissait bien.Et reprenait déjà la parole.

Ses sourcils fins se froncèrent, son nez se plissa et il secoua la tête de gauche à droite. Catégorique. Comment la femme pouvait-elle affirmer que s'il ouvrait les yeux, il pourrait voir une femme ? Après tout, il les avait ouvert tout le jour, à l'exception près de quand il dormait et de quand il pratiquait son don, mais il lui paraissait évident qu'il en était de même pour tout le monde. « Non, non, je vous assure. J'ai les yeux bien ouvert mais à l'Archipel, il n'existe aucune femme. Elles n'ont pas l'autorisation d'y pénétrer, j'en ignore bien la raison. Souvent parce que ces sont des hommes qui sont blessés et non des femmes, alors je suppose qu'elles n'ont pas nécessité de venir au sein même de l'Archipel. Et même si l'une d'elle croise la route d'un guérisseur, nous nous devons de ne pas la regarder dans les yeux et de baisser le regard. » Il s'agissait-là d'un cours d'Histoire appris par cœur lors de son premier cycle en tant que guérisseur. Il aurait du le connaître depuis plus longtemps mais la réalité était que Kanavu avait mis plusieurs années avant de comprendre ce que voulait bien signifier le mot femme. Mais peut-être que si celle qui se trouvait en face de lui paraissait certaine qu'il en eût déjà rencontrée une était parce que le mot avait, pour elle, un autre sens ? Après tout, si tapis signifiait homme, que pouvait bien signifier femme dans son langage ?
Déjà, une autre pensée le traversait. Lui, qui venait de réciter l'un des cours les plus élémentaires dans la vie d'un guérisseur, s'apercevait qu'il avait transgresser cette règle à l'instant même où il s'était adressé à la femme. Il se mordit la lèvre, dissimula son malaise en avalant une petite gorgée de cette boisson brûlante. « Mais cette règle ne s'applique qu'à l'Archipel, bien sûr. Sinon, si Maître Chi-chen l'apprenait, je serai sans doute de corvée des cachots. » Sa bouche se tordit et il poussa un soupire. Il avait appris à être enfermé dans les cachots à force de transgresser les règles, souvent pas maladresse que par réelle intentions.

Un large sourire se dessina sur les lèvres de Kanavu alors que la femme ouvrait la bouche pour s'intéresser à lui. Elle parlait ! D'elle-même ! C'était un grand jour. S'il avait été sur sa planète et s'il en avait eu les moyens, le jeune homme aurait demandé à ce qu'un festin soit préparé en l'honneur de ce grand jour. Mais les seuls sous qu'il possédait étaient pour payer sa chambre pour la nuit. Sa boisson, il laisserait les étrangers la régler. Après tout, il était à leur table et il ne pouvait se permettre de payer pour tout le monde. Il allait pour répondre à la question lorsque les rires forts et gras des étrangers retentissaient. Il sursauta d'abord, pensant qu'il s'agissait de grognements dangereux, avant de lancer un regard autour d'eux. Mais il n'y avait pas d'ennemis. Il plissa les yeux, voyait leurs épaules être secouées et il se surprit à éclater d'un rire nerveux. Sans doute était-ce une plaisanterie qu'il n'avait pas compris. « C'est la première fois que je quitte l'Archipel. » Et il était fier de l'annoncer. Il se redressa, bomba le torse, parut encore plus frêle et plus ridicule aux côtés des montagnes qui l'entouraient mais il ne parut pas le noter. « Il n'est pas prudent de regarder le ciel. Du moins sur certaines planètes. A Kekähl, par exemple, le ciel se trouve si bas que le regarder trop longtemps peut endommager votre vue, voire même, vous l'ôter complètement. » S'il y avait une pointe d'innocence naïve dans sa voix, son regard était sérieux et ses traits s'étaient fais graves. Il avait lui-même pu constater d'un tel résultat chez un jeune adulte, visiteur dans la Ville. Il avait voulu observer le ciel et avait perdu la vue depuis. On racontait qu'il vivait alors en ermite à l'écart de la Ville, à mi-chemin entre celle-ci et l'Archipel mais Kanavu ne l'avait plus revu.

« Puis-je vous demander de quelle contrée vous venez ? Maître Chi-chen dit que je suis trop curieux mais j'aime apprendre et découvrir des choses. J'aurai aimé rencontré plus de guildes encore mais je vais devoir attendre de passer le quatrième cycle. » Maintenant que la femme avait fait preuve de curiosité, le guérisseur se sentait plus à son aise entre ces gros bras. Il gigota un peu sur son siège, impatient d'une réponse. « Avez-vous rencontré beaucoup d'autre guildes ? » Il avait soif de savoir, soif de connaître. S'il n'avait jamais regretté sa vie sur l'Archipel, il ne pouvait nier qu'elle manquait d'aventures et qu'il aimait poser des questions à ceux qu'il guérissait pour en apprendre davantage.
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MessageSujet: Re: haunter & healer (athala)   haunter & healer (athala) I_icon_minitimeDim 9 Aoû - 15:29


    Qu'avait fais Athala à ses ancêtres pour qu'ils la gratifient d'un énergumène aussi agaçant que celui qui leur tenait compagnie ? Le problème de la civilisation était malheureusement les civilités qu'elle impliquait, notamment cette interdiction de tuer les gens un peu trop bavards comme c'était présentement le cas. Certes, s'il avait été en territoire Villdyr, la donne aurait été changée. Mais tuer un innocent – jusqu'à preuve du contraire – n'était pas forcément bien vu sur cette planète et surtout dans une taverne. Maudite soit cette planète qui tremblait dès qu'il s'agissait d'un peu de sang. Athala et ses hommes allaient devoir endurer pendant un temps encore la présence de ce jeune homme qui semblait un peu simple d'esprit. Non il n'était pas simple d'esprit, seulement très ignorant du monde dans lequel il avait débarqué en quittant sa planète. D'où cette naïveté qui semblait si maladive aux yeux de la chasseuse de prime. Une naïveté dérangeante tant il avait tout d'un enfant plus que d'un homme. A l'écouter, il ne connaissait que la théorie des choses. Aussi en ignorait-il bien d'autres, ce qui l'empêchait d'éprouver la peur, et la méfiance à l'égard de l'inconnu. On ne pouvait pas avoir peur de quelque chose si on en ignorait rien que les contours de la souffrance qu'il pouvait infliger au corps ? Hélas Athala n'avait rien d'un professeur.

    Et le gamin ne s'arrêtait pas de parler. A croire que la moindre réponse de la part de la villdyranne créant chez lui un désir de parler. Certes, il semblait aimer les échanges et le partage. Mais il était dans l'erreur de croire qu'il était face à un peuple qui en ferait de même. Athala continuait de le regarder, arborant un air plus que las, les yeux exprimant une certaine forme d'hostilité à son égard. Voyant cela, un des hommes de son groupe pris le relais. « Tu parles beaucoup pour quelqu'un qui ne quitte que rarement son archipel. » Les autres rirent à ses propos, d'un rire grave et moqueur comme il leur seyait si bien. « Ton maître ne t'a donc jamais appris qu'il est mal de trop en dévoiler sur soi ? Après tout tu ne sais pas qui nous sommes. Peut-être que nous pourrions te faire du mal et que tu ne t'en rendrais même pas compte. » Il fallait reconnaître que Bhalror était le civilisé du groupe lorsqu'il s'agissait de converser avec les étrangers. C'était en général la tâche qui lui incombait lors de négociations. « Peut-être que nous pourrions avoir envie de te kidnapper ? » disait-il en regardant les autres, l'esquisse d'un sourire pendu aux coins des lèvres. Là encore il ne s'agissait pas d'une franche méchanceté comme ils en avaient l'habitude. A dire vrai, ils étaient même plutôt gentils en ce moment.

    Bhalror prit une gorgée de la boisson dans sa choppe avant de poser une main sur l'épaule du gamin puisqu'il était assis juste à côté de lui. « Écoutes petit, t'es bien gentil, mais tu pourrais t'attirer des ennuis à déballer des choses comme ça » disait-il. « Tu sais pourquoi ? Parce que mes compagnons et moi ne faisons pas parti d'une guilde, comme tu sembles en avoir déjà rencontré. Mon chef que tu vois là, s’appelle Athala, elle est la fille d'un grand homme à la tête d'un peuple de chasseurs de primes. Elle pourrait te tuer d'un simple geste habile. Mais elle ne le fait pas, parce que tu es jeune et ignorant des coutumes des autres mondes. Alors je vais te donner quelques parties de mon savoir aujourd'hui, pour que plus tard tu t'en souvienne encore, lors que tu quitteras à nouveau son archipel et ton maître Chi-Chen. » Athala observait la conversation avec attention. Son homme de mains était comme étant le plus bavard du peuple et à raison. Il avait dit bien plus de mots ces derniers instant, qu'elle même depuis une semaine ou deux. Bhalror la regarda pour chercher son approbation, aussi elle le lui donna dans un très léger hochement de tête.

    « Dans ta vie, tu rencontreras une multitude de peuples, certains bienveillants, d'autres hostiles. L'expérience t’apprendra des quels il faut te méfier et des quels tu pourras avoir confiance. A cette table, tu ne peux avoir confiance en personne. Tu sais pourquoi ? Parce que nous sommes des chasseurs de prime et qu'un jour quelqu'un pourrait mettre un contrat sur ta tête pour te faire tuer. Et ça pour bien des raisons ! Tu l'apprendras bien assez tôt. » Athala se redressa sur sa chaise, faisant craquer son cou et étirant ses bras sur la table tel un fauve. « Il a raison » dit-elle. « Si tu continues de parler à tout va comme ça, tu finiras embroché sur une lance. » L'image était d'elle même assez parlante pour faire comprendre au gamin qu'il fallait calmer le jeu des questions. « Mais si tu veux, nous pourrons t'en dire davantage sur notre peuple car tu risques de nous recroiser un jour. » ajouta Athala en croisant les bras sur la table avant de lancer un regard circulaire à ses hommes. Elle se sentait d'humeur bavarde à présent que Bhalror avait apaisé les tentions.
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MessageSujet: Re: haunter & healer (athala)   haunter & healer (athala) I_icon_minitimeVen 26 Fév - 12:59

Finalement, peut-être s’était-il réjouit trop vite. Trop tôt. Kanavu avait pensé que l’unique femme de la tribu, et même de la tablée, allait pouvoir assouvir son besoin d’en apprendre toujours un peu davantage. Qu’elle allait se montrer suffisamment bavarde pour qu’ils puissent échanger quelques mots qui leur seraient, à chacun, bénéfique. Mais la voilà qui s’était, de nouveau, murée dans un silence obstiné, tirant un sentiment de contrariété au jeune homme. Son enthousiasme ne tarissait pas pour autant, mais il s’embêtait de la voir conserver un silence trop long pour lui qui attendait des réponses qu’il jugeait méritée. Après tout, il avait travaillé durement pour parvenir jusqu’au troisième cycle et ainsi pouvoir rencontrer d’autres guildes. Alors quand une voix d’homme retentit, Kanavu se renfrogna légèrement. Lui qui n’avait encore jamais croisée de femmes, voilà qu’il ne voulait véritablement les découvrir puisqu’un malotru l’en empêchait. Il se retint de soupirer à grande justesse, retenu par les mots de l’homme. Ses sourcils se froncèrent sans qu’il ne comprenne où, exactement, l’homme voulait en venir. En quoi était-ce mal de trop parler ? Et d’où le fait qu’il n’ait jamais quitté l’archipel devait l’empêcher de parler ? Ses sourcils s’arquèrent alors qu’il plissait les yeux. Concentré. Comme pour exercer son don, si ce n’est qu’il n’était pas question de soin quelconque en cet instant. « Et c’est mal de vouloir apprendre à connaître les guildes que je pourrais peut-être être amené à soigner ? Vous savez, en réalité, en apprendre davantage sur les différentes guildes me permet de mieux pouvoir les soigner en cas de besoin. Peut-être n’avez-vous pas le même organisme que nous. Même si je suis sûr que c’est le cas. » Du moins, pour ce qui était des hommes. Pour l’unique visage féminin de la taverne, la certitude de Kanavu s’effritait petit à petit. « Me kidnapper ? Mais… Pourquoi ? » Il était confus. Il avait lu suffisamment de livres pour savoir que toutes les guildes n’étaient pas dotées de la bonté de l’Archipel, ni même des habitants de la Ville, mais de là à vouloir le kidnapper… Et même s’ils voulaient bien le kidnapper, il ne voyait pas bien l’objectif d’une telle manœuvre. Certes, il savait parfaitement nettoyer un sol poussiéreux et connaissait les plantes médicinales sur le bout de la langue, mais mis à part pour son don, il n’avait pas de réelles valeurs. « Vous savez, si vous avez besoin que j’use mon don, il suffit de le demander. » Nul besoin d’avoir recourt à la violence pour ce petit être naïf. Il voyait les dégâts causés par de terribles combats mais il refusait bien d’en prendre part. De toute manière, il ne supportait pas bien la vue de l’hémoglobine.

Imitant, à nouveau, tous ceux qui étaient autour de la table, Kanavu attrapa sa choppe pour avaler une mini-gorgée de la boisson. Il toussota, les poumons enflammés et le visage cramoisi. Vraiment très douce, cette boisson. Toutefois, son état de combustion intérieure ne l’empêchait pas d’écouter d’une oreille plus qu’attentive les propos de la gentille brute (sans doute le seul qui semblait abordable, d’ailleurs) ; celui-ci désigna son chef et Kanavu sentit ses yeux s’écarquiller d’eux-mêmes. « Donc les femmes peuvent être des chefs ?! » La question était sortie d’elle-même et, aussitôt, lui tira une grimace d’excuse. Il ne souhaitait pas faire preuve d’un quelconque manque de courtoisie ou d’indiscrétion, en posant une telle question, mais il s’apercevait maintenant qu’il avait tant de choses à découvrir sur l’autre sexe qu’un univers entier semblait s’étendre devant lui. Mais les mots qui suivirent lui ôtèrent toute envie de poser une question de plus. Il déglutit. Ses yeux bleus passèrent de la dénommée Athala à l’homme qui continuait ses explications. Il déglutit à nouveau. En vue de leur ossature et de leur carrure épaisse, Kanavu le croyait bien volontiers quand il affirmait qu’ils pouvaient le tuer d’un simple geste. Leur simple rire, un peu plus tôt, avait bien failli lui coûter la vie, alors leurs mains, il préférait ne pas trop y penser.

Il plissa les yeux, hocha la tête. Il était peut-être naïf, mais il n’était pas idiot. « Je sais bien que toutes les guildes ne sont pas bonnes. Mais je suis certain que vous n’êtes pas mauvais. Vous ne pouvez pas l’être autant que ceux dont tout le monde parle. » Il leur jeta un regard à la dérobée, insistant. « Les Wraiths sont, à ce qu’il se dit, terribles. Et aucun guérisseur n’est encore jamais parvenu à soigner quelqu’un blessé par l’un d’eux. » Son regard se troubla. Il n’avait jamais croisé les victimes de ces Wraiths, et l’envie n’était pas présente, mais l’idée d’être impuissant face à leur force lui faisait froid dans le dos. Ils n’étaient, à ce qui se disait, que froideur et terreur. La guilde qui lui tenait compagnie était peut-être effrayante, mais Kanavu les trouvait toujours un peu sympathique. S’il faisait fi de leurs regards féroces. Et de leurs tailles impressionnantes. Et des cicatrices présentes sur certaines parties de leurs corps. Tout à fait sympathiques. « Et puis, vous devez bien avoir des amis, non ? » Sa voix était devenue hésitante. Athala l’inquiétait plus qu’elle le fascinait, à présent. « Je veux dire, vous aidez bien d’autres peuples, parfois ? Là, par exemple, ici, ils vous hébergent. Si jamais un contrat, comme vous dîtes, est mis sur la tête du tavernier, vous n’allez quand même pas l’abattre alors qu’il vous a offert le gîte et le couvert. Si ? » Sa curiosité était maintenant recouverte par un voile inquiet et il redoutait un peu la réponse qui allait suivre. Il n’avait pas vraiment envie de terminer sur une broche. D’autant plus qu’il lui faudrait beaucoup de temps pour parvenir à se soigner et plus encore pour se remettre de ses blessures – et là, il pouvait faire un trait sur son passage en quatrième cycle. « De quelle planète venez-vous ? Et quelle est le nom de votre guilde, aussi ? Pourquoi accepter des contrats aussi… Qui vous rendent au final peu loyaux et peu honorables auprès des personnes qui vous ont aidé ? » Il retint son souffle, les yeux ancrés sur le visage d’Athala. Son ultime question était délicate et il craignait n’avoir pas employé les mots adéquats. Machinalement, il laissa ses yeux vriller en direction de celui qui avait pris le temps de si bien lui expliquer les choses, comme à la recherche d’un soutien.
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